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13 décembre 2016 2 13 /12 /décembre /2016 13:34

On a éteint les projecteurs, fermé les fan zones et rangé les métaphores pour revenir à la réalité. C’est déjà le dernier 14 Juillet du quinquennat de François Hollande, le dernier sommet de l’Otan de Barack Obama, les dernières rencontres internationales de David Cameron… Tous sont en train de passer la main. Deux vont quitter leurs fonctions, Obama, qui n’attend plus que l’élection présidentielle du 8 novembre, et Cameron, qui confie le Brexit à Theresa May (voir page 28) ; le troisième, François Hollande, ne veut pas encore croire que son sort est scellé bien que tout lui dise le contraire ; enfin, qu’en sera-t-il de la quatrième, la chancelière allemande — elle aussi aura ses élections en septembre 2017. Changera-t-elle de coalition ? Que laissent-ils tous les quatre qu’ils n’ont pas su, pas pu, pas voulu traiter ? À peu près partout, des débris de politique, une inquiétude générale, une planète où se multiplient les alertes au chaos, une Europe en voie d’éclatement. Aux États-Unis, de quoi Trump est-il le signe ? De frustrations, de tensions sociales, de peur du chômage ? Ce n’est pas la question : l’économie américaine ne cesse de créer de l’emploi, le phénomène Trump est la résultante de la politique en accordéon d’Obama, de ses absences de décision, de ses ambitions ratées, à l’intérieur comme à l’extérieur. Il s’en va sur le massacre d’Orlando, le mois dernier, sur la fusillade de Dallas, la semaine dernière — où les cibles étaient des policiers, tués parce qu’ils étaient blancs… Interrogée par le Journal du dimanche (10 juillet), Carol Swain, diplômée de Yale, ancienne de Princeton, professeur de droit et de sciences politiques à l’université Vanderbilt, expliquait : « Dès 2002, je disais que nous avions les ingrédients pour ce type d’explosion. Une grande délinquance, la peur de l’immigration, la mondialisation : un environnement toxique, avec des politiques qui divisent et manipulent. » La politique d’Obama n’a fait qu’« empirer la situation » : « Cela a donné une excuse aux racistes et aux diviseurs pour mettre de l’huile sur le feu. Et lui, il a échoué à agir. » Ce qui est vrai en Amérique l’est ailleurs. Là où il voulait apaiser, Obama a aussi jeté de l’huile sur le feu, et les autres, Merkel, Cameron, Hollande, n’ont fait que le suivre sottement quand ils ne sont pas allés plus loin, comme Angela Merkel avec l’immigration massive en Europe. Et l’incendie s’est répandu. Sans qu’ils aient pu le maîtriser. L’ennemi est en Orient, à cheval sur l’Irak et la Syrie : le groupe État islamique y a proclamé son califat il y a deux ans. Nous l’avons laissé prospérer dans une situation stratégique qui lui était doublement favorable : sur le théâtre même, les Occidentaux se perdaient à se battre vainement sur deux fronts — contre Dae’ch et contre Bachar al-Assad, alors que ce dernier était le seul capable de résister aux djihadistes ; en Europe, les mêmes faisaient diversion en portant à l’extrême la tension avec les Russes au sujet de l’Ukraine, on savait pourtant qu’ils ne laisseraient jamais leur berceau de Kiev s’écarter d’eux et notamment pas pour rejoindre une alliance dirigée par les États-Unis. Deux ans après, le califat islamique est affaibli militairement mais il ne l’est pas comme organisation terroriste — il se répand ailleurs, au Sinaï, en Libye, au Sahel et il frappe toujours. Et s’il est militairement usé, à quoi le devons-nous ? À l’intervention brutale et soutenue de Poutine au secours de l’armée syrienne, qui a retourné la situation, distançant nos coalitions. Voilà pourquoi il était inutile de rallumer, au sommet de l’Otan à Varsovie, la tension avec Poutine, en montrant du doigt la “menace” et en réaffirmant que les États-Unis et l’Union européenne étaient décidés « à maintenir les sanctions contre la Russie » au sujet de l’Ukraine, alors que cet embargo réciproque n’aura fait souffrir que nos producteurs et que nous avons besoin de la Russie, de ses armes et de ses services de renseignements pour éradiquer l’État islamique. « L’Europe continuera d’être un pilier de l’engagement américain dans le monde », a dit Obama à Varsovie. Cela ne mettra pas fin à la crise de confiance qui secoue l’Occident ! Le traité de libre-échange transatlantique est mort avec le Brexit. Notre intérêt n’est pas de rompre avec les Britanniques, nos alliés stratégiques plus que séculaires, ni avec Poutine, notre partenaire de l’Est, les deux nous sont nécessaires pour équilibrer la singulière relation franco-allemande et préserver notre liberté d’agir dans le monde. Où l’on voit que nous aurons besoin de nouveaux architectes de l’avenir. On attend les projets.

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Published by mesperigrinations